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« Quand on dit quelque chose sur moi, un compliment, c’est comme si je me disais: »maintenant, tu dois correspondre pour toujours à cette qualité » et c’est un énorme stress. Dès que c’est formulé, c’est une obligation, un devoir, un chemin à suivre et je suis condamnée, même si c’est des gens dont j’ai rien à faire. J’ai peur de ne plus exister dans les mots, de ne plus me reconnaître, de ne plus pouvoir être appelée. Si on m’attribue une qualité par un mot, il ne peut plus ne plus être à moi. J’ai besoin d’avoir quelque chose dans lequel je puisse me reconnaître qui me qualifie, qui soit moi. C’est comme si je me regardais dans le miroir et qu’on me dit que je suis comme çà. Si je me regarde à nouveau, il ne faut pas que j’ai perdu ce quelque chose qui dit que je suis comme çà ; ce qui est précieux, c’est qu’on me l’ait donné, attribué, ce n’est pas la chose elle-même ; ce cadeau que l’on ma donné, je ne peux absolument pas le perdre et cela me stresse énormément. Ce serait perdre une partie de moi et c’est la répétition de quelque chose qui s’est déjà passé, une trahison, qu’on ne s’occupe pas de ce que il peut se passer à l’intérieur de moi, le manque de respect, de considération. J’accorde beaucoup de sens aux paroles, j’ai besoin que chaque mot aie un sens. Je trie toujours ce que je dis, je fais attention à l’impact des mots, je passe de l’autre côté pour voir ce que ça fait ce que je dis. J’ai peur que cela déstabilise l’autre. Il y a des paroles dont je ne me souviens plus, mais qui m’ont déstabilisée, sans que personne ne sache les dégâts que cela a fait sur moi. Dans ma tête, il y a des idées qui se bousculent, mais je trie, elles sont en prison, je les empêche de sortir. En fait, c’est pour cela que j’ai envie de faire du théâtre pour parler en me cachant derrière un personnage. C’est pour cela que je trouve que Mardi-gras c’est bien. Je n’ai pas le courage d’exprimer des choses avec mon identité à moi. J’ai besoin de me déguiser, de prendre une autre identité, de sortir de la rigidité de ma tête. Je suis coincée, surtout dans ma famille, coincée, vraiment coincée. J’ai tout le temps peur qu’il y ait un décalage avec ce qu’on pense de moi. »