Le MUCEM a présenté cet été une exposition intitulée « au bazar du genre, féminin/masculin en Méditerranée », qui traite, dit la plaquette d’information, « des transformations dans les manières d’être homme ou femme de sa société en Méditerranée. Le sexe distingue biologiquement les hommes des femmes. Par opposition, la notion de genre montre ce que cette différenciation doit aussi à des constructions culturelles et sociales. Selon le sexe reçu à la naissance, on attribue aux individus des rôles masculins ou féminins, qui déterminent des comportements et des valeurs codifiées : aux femmes le soin des enfants et de la maison ; aux hommes celui de défendre le foyer…Depuis les années 1970, les revendications, en particulier celles des femmes ou des minorités sexuelles, tendent à contester cette répartition des taches. »
Voilà une vision bien sociale qui mène la pensée de femme à féminin puis de féminin à genre sans sourciller, qui assimile femme et minorités sexuelles en opposition à homme hétérosexuel, conditionnement social et identité sexuelle. L’exposition n’est pas critiquable en tant que telle bien sur mais avec une sensibilité de psychanalyste, on peut se demander si ce qu’elle transmet dans son intention de montrer et démontrer le conditionnement du « genre » n’est pas déjà perverti par l’idéalisation d’une société qui, pour les mettre à égalité, ne différencierait pas hommes et femmes.
L’exposition se divise en plusieurs parties :
1-Mon ventre m’appartient
2-Les chemins de l’égalité
3-LGBT vivre sa différence (les minorités sexuelles)
4-Mon prince viendra
5-chacun son genre
Un bazar comme le titre le dit si bien dans lequel la femme apparaît soit comme victime conditionnée au devenir objet sexuel de l’homme, mère et maitresse de maison soit comme combattante de sa liberté. La société attribue des rôles définis de longue date, semblants immuables jusque récemment. Puis, une révolution en marche pour libérer la femme. L’histoire des femmes racontée ainsi en fait des victimes d’un machisme totalitaire, caricatural. De tout temps, les femmes ont su tirer leur épingle du jeu, en s’inscrivant dans l’infini des cycles de la vie, en aimant les hommes, en jouissant de la maternité, en dirigeant la vie domestique.
Tout semble donner le beau rôle aux hommes : liberté, pouvoir, argent leur appartiennent. Mais aussi la guerre, la violence et l’angoisse de leur puissance. Aujourd’hui il est impensable d’enfermer chaque sexe dans un rôle étriqué, trop défini, emprisonnant. Mais il est toujours aussi nécessaire de distinguer chaque sexe l’un de l’autre. Antoinette Fouque dit dans « Elle » :
« « L’identité femme n’est ni un artifice ni une construction composée de bric et de broc, et d’injonctions extérieures qui nous tomberaient dessus à la naissance. Je suis opposée à la théorie du genre, portée par les féministes américaines pour qui seul le costume existe et qui nous expliquent que, sous leurs habits, les hommes et les femmes sont pareils. Jusqu’à nouvel ordre, les hommes ne portent pas d’enfant. L’expérience de la gestation, l’accueil d’un autre dans son corps, est pour moi, fondatrice, et a été minorée par des siècles de machisme. Les femmes ont une compétence (qu’elles mettent en œuvre ou pas) que les hommes n’ont pas. »
C’est à y perdre son latin si même une grande figure du féminisme ramène la femme à la mère ! Mère ou putain, n’en sortirons-nous jamais ?
Et pourtant quelle mère, même Médée, pourrait nier que « l’expérience de l’accueil d’un autre dans son corps » est effectivement fondatrice, mais de quoi ? Bon, au travail, le chemin sera long !