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Jacques Lacan dans son XX éme séminaire, « Encore », fait le lien entre Dieu et la jouissance de La (barré) femme. Ce « La » barré est bien sûr le « la femme n’existe pas » Lacan:
« Pour moi, il me paraît sensible que l’Autre, avancé au temps de l’Instance de la lettre comme lieu de la parole, était une façon, je ne peux pas dire de laïciser, mais d’exorciser le bon vieux Dieu. »
« Je m’en vais peut-être plutôt vous montrer aujourd’hui en quoi justement il existe, ce bon vieux dieu. Le mode sous lequel il ne plaira peut-être pas à tout le monde, et notamment aux théologiens qui sont, je l’ai dit depuis longtemps, bien plus forts que moi à se passer de son existence. »
« Chacun sait qu’il y a des femmes phalliques, et que la fonction phallique n’empêche pas les hommes d’être homosexuels. Mais c’est aussi bien elle qui leur sert à se situer comme hommes, et aborder la femme. (..) Pour l’homme, à moins de castration, c’est-à-dire de quelque chose qui dit non à la fonction phallique, il n’y a aucune chance qu’il ait jouissance du corps de la femme, autrement dit, fasse l’amour. »
« C’est l’homme -je veux dire celui qui se trouve mâle sans savoir qu’en faire, tout en étant être parlant- qui aborde la femme- (..)seulement ce qu’il aborde, c’est la cause de son désir, que j’ai désignée de l’objet a. C’est là l’acte d’amour. Faire l’amour, comme son nom l’indique, c’est de la poésie. Mais il y a un monde entre la poésie et l’acte. L’acte d’amour, c’est la perversion polymorphe du mâle, cela chez l’être parlant. »
Voici donc quant aux hommes; et maintenant La femme:
« Lorsqu’un être parlant quelconque se range sous la bannière des femmes c’est à partir de ceci qu’il se fonde de n’être pas-tout, à se placer dans la fonction phallique. C’est ça qui définit la.. la quoi? -la femme justement, à ceci près que La femme, ça ne peut s’écrire qu’à barrer La. Il n’y a pas La femme, article défini pour désigner l’universel. Il n’y a pas La femme puisque de son essence, elle n’est pas toute. »
« Il n’en reste pas moins que si elle est exclue par la nature des choses, c’est justement de ceci que, d’être pas toute, elle a, par rapport à ce que je désigne de jouissance de la fonction phallique, une jouissance supplémentaire.
Vous remarquerez que j’ai dit supplémentaire. si j’avais dit complémentaire, où en serions nous! On retomberait dans le tout.Les femmes s’en tiennent, aucune s’en tient d’être pas toute, à la jouissance dont il s’agit, et, mon dieu, d’une façon générale, on aurait bien tort de ne pas voir que, contrairement à ce qui se dit, c’est quand même elles qui possèdent les hommes. »
« Ce n’est pas parce qu’elle est pas-toute dans la fonction phallique qu’elle y est pas du tout. Elle y est pas pas du tout. Elle y est à plein. Mais il y a quelque chose en plus. »
« Il y a une jouissance à elle, à cette elle qui n’existe pas et ne signifie rien. Il y a une jouissance à elle dont peut-être elle-même ne sait rien, sinon qu’elle l’éprouve-ça elle le sait. Elle le sait, bien sûr, quand ça arrive. Ça ne leur arrive pas à toutes. »
« Je crois à la jouissance de la femme en tant qu’elle est en plus, à condition que cet en plus, vous y mettiez un écran avant que je l’aie bien expliqué.
« Cette jouissance qu’on éprouve et dont on sait rien, n’est-ce pas ce qui nous met sur la voie de l’ex-sistence? Et pourquoi ne pas interpréter une face de l’Autre, la face Dieu, comme supportée par la jouissance féminine? »