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Dans son ouvrage « L’ombre et le nom » Michèle Montrelay interroge l’hystérie et le féminin en connexion avec ce que dit la psychanalyse de l’ombre, de la Chose. Page 28 elle nous parle d’une analysante, Cécile:
« Ainsi, lorsque Cécile dit, à propos d’une discussion qui lui tient à coeur, « me voilà sur le champ de bataille », à partir de ce terme « bataille, » nous pouvons faire la différence entre signifié et signifiant. D’un côté, l’un des thèmes autour desquels se centrent l’humeur et les demandes de Cécile, est celui de la bataille; et je puis donc conclure : il est question de toutes sortes de combats dans le signifié de sa parole. Mais ce terme « bataille » renvoie non seulement au combat, mais à la taille, au taillis, à l’entaille, selon que sa position varie par rapport aux autres segments de la chaîne. Une trajectoire est décrite, un intérieur du discours analytique, par les variations de la position de « bataille ». C’est cette trajectoire qui rend compte de la fonction signifiante de ce terme.
Revenant périodiquement à son point de départ, elle s’ordonne selon une ligne qui est toujours la même : c’est pourquoi une série de thèmes et d’effets de signifié réapparaissent successivement, et en suivant un certain ordre, dans le discours de l’analysant : on peut les prendre comme les effets du parcours de la trajectoire. Ce parcours fut fixé et établi une fois pour toutes, en un lieu dont le sujet imaginaire est chassé : c’est à dire au champ de l’Autre.
Ces rythmes s’observent avec une netteté particulière dans la parole dite « hystérique », mais qui devrait plutôt se qualifier de féminine. La distinction classique en deux structures, hystérique et obsessionnelle, « FAUSSE L’ABORD DE LA SEXUALITÉ FÉMININE ».(c’est moi qui souligne) Une femme est parfois psychotique, beaucoup moins fréquemment qu’on ne le croit, ou phobique. Le plus souvent, et de mille manières, tragiques ou spirituelles, hystérique : toutes les femmes jouent de l’utérus. Les femmes dites obsessionnelles n’ont rien de commun avec les vrais obsessionnels, qui sont des hommes.Elle ont seulement des défenses et des inhibitions massives qui, une fois levées, découvrent une hystérie d’angoisse intense.
Non seulement le discours féminin accuse les rythmes du transfert, mais il implique que les trajectoires franchissent des zones du champ de l’Autre, qui n’ont en elles-mêmes rien à voir avec ce que l’on nomme d’ordinaire le « discours », c’est à dire l’articulation signifiante. En d’autres terme, le mot bataille en certains points du trajet qu’il décrit, traverse des zones d’ombres qui se présentent comme autant de taches aveugles du symbolique. En ces temps de franchissement, la trajectoire déborde le champ de l’articulation pour plonger dans cet abîme de non-sens qui s’ouvre au singulier dans tout discours qui est le réel (au sens lacanien) de ce discours.
A la fois le discours joue de toutes les possibilités d’articulation à la fois il se dérobe à cette articulation dans sa masse. Il faut le prendre, à certains moments de la cure, comme une chose matérielle, expulsé du symbolique. On ne peut plus alors le ranger, ni du côté du signifiant ni du côté du signifié. En temps que réel le discours de l’inconscient échappe à la classification linguistique. »